CHAPITRE PREMIER
Des chiens courans.
Il paroît que l’on ne connoissoit anciennement en France que deux espèces de chiens courans, toutes les deux venues de saint Hubert, l’une de chiens noirs, l’autre de chiens blancs. Les chiens noirs avoient les jambes et le dessus des yeux marqués de feu, quelquefois un peu de blanc sur la poitrine. Ces chiens étoient de moyenne taille, longs, peu corsés et peu vigoureux; ils étoient sages et justes à la voie, mais point entreprenans ni hardis dans le change; ils étoient meilleurs à la main que hors du couple. Les chiens blancs étoient plus vites et plus vigou-reux, mais moins sages. Saint Louis ramena de Tartarie une troisième race de chiens gris; ces chiens étoient d’un gris poil de lièvre; ils étoient hauts sur jambes, avoient les pieds bien faits et de grandes oreilles; ils étoient beaucoup plus vites que les chiens noirs, mais ils’ n’avoient pas le nez aussi fin; ils étoient d’ailleurs entreprenans et fougueux. Il s’est formé depuis une autre race qui a été confondue dans la race des chiens blancs de Saint-Hubert : Louis XII fit couvrir une braque d’Italie pal un de ces derniers; cette race nouvelle se nomma chien greffiers, parce que la chienne appartenoit à un des secrétaires du Roi. qu’on appeloient alors greffiers. La maison et le parc des Loges, prèr Saint-Germain, furent bâtis pour élever et entretenir cette nouvelle race qui réunissoit toutes les qualités des autres espèces de chiens courait’ sans en avoir les défauts; ils étoient communément tout blancs, avec une marque fauve sur le coips Il est aisé de voir que nos chiens courans d’aujourd’hui sont un mélange de ces différentes races. Pour qu’un chien courant ait en même temps de la noblesse et de 1 vigueur, il faut qu’il ait à peu près vingt-trois pouces et peu au-dessu Une meute composée de chiens de la taille de vingt-cinq pouces sero superbe à voir dans le chenil; mais, premièrement, il seroit très-difficile, pour ne pas dire impossible, d’entretenir l’égalité dans cette taill et il est essentiel qu’une meute soit à peu près égale, non-seulement po la beauté du coup d’œil, mais encore afin qu’ils chassent tous du même pied : en second lieu, il est rare que des chiens de cette taille soient aussi vigoureux et aussi requérans que ceux d’une taille plus médiocre. Quiconque connoîtra les proportions d’un beau cheval, pourra de même connoître celles que l’on exige pouf un beau chien courant. La hauteur des jambes proportionnée à la grandeur du corps; les épaules petites sans être serrées; la bouture déliée et bien attachée; le pied petit, les doigts fins et un peu allongés, la tête busquée, un peu carrée sans être forte; les oreilles tombantes; le nez carré; les reins courts et élevés un peu en dos de carpe; les cuisses nerveuses et chai nues; le jarret ni trop droit ni trop courbé, et surtout pas attaché trop bas; la queue bien attachée, ni trop fine ni trop épaisse Les défauts que l’on peut remar-quer sont de longues jambes; des pieds courts avec de gros doigts ca-mards; ces chiens sont ordinairement bricoleurs et peu attachés à la voie; il est vrai que presque toujours ils ont les oreilles hautes et le nez pointu Les autres défauts sont les jambes courtes avec de gros pieds mous et plats; les épaules charnues : ces chiens n’ont jamais ni vigueur ni légèreté, de même que ceux qui ont les épaules sèches et serrées, les cuisses longues et plates et le jarret bas. Ceux qui ont la queue tournée ne sont jamais vigoureux non plus : ces chiens ont la queue attachée fort haut, et elle retombe sur le dos en se tournant en trompe. Il y a des chiens qui ont le poitrail trop ouvert et qui sont sujets à se prendre des épaules.
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