Le chien l’éventera, d’ailleurs, de loin, car son fumet est fort et dans sa prome-nade matinale il en a laisse partout le sentiment au flanc des bruyères et des myrtilles. Le nez haut, le corps allongé comme pour le faisan, il s’avance, le bon toutou, sagement, prudemment, dans la direction d’où lui viennent les émanations du gibier et le voilà en arrêt. Émotion poignante pour le chasseur dans l’attente du moment tant désiré et si péniblement acheté. Il devra sans tarder alors se porter le plus près possible den iere son chien, car le coq de bruyère ne tient pas longtemps l’arrêt; il ne piète pas non plus beaucoup, bien qu’il soit, malgré ses pattes courtes, capable par la vitesse de sa course d’echapper à ses ennemis. Donc, après avoir pendant quelques pas tenté de se déro-ber au chien qui le suit, pressé par un nouvel arrêt, il s’enlève… Il faut, à ce moment, avoir une forte dose de sang-froid pour ne pas céder au trouble, joyeux du reste, que cause le départ d’un grand coq de bruyère. L’oiseau, en effet, s’envole avec un battement d’ailes des plus
bruyants. Quand, en même temps que ce bruit se fait entendre, on voit surgir au-dessus des couverts le magnifique oiseau, il est bien permis de ceder à un petit moment, un instant, si vous voulez, d’émotion qui souvent malheureusement profite au fugitif et le sauve. On se presse alors, on épaule mal, on tire précipitamment et l’oiseau disparaît hors de portée sans accuse’ la moindre atteinte, au grand désespoir du chasseur. Quand il se lève ainsi à l’arrêt des chiens, le coq de bruyère a d’abord le vol lourd; ses ailes relativement courtes, eu égard à son poids et à sa taille, l’obligent à en précipiter le battement pour s’élancer dans l’air et y fuir; d’où le bruit formidable du départ et la lenteur du premier vol; mais quand il est lancé, sa rapidité devient très grande, d’autant plus que sa direction est presque toujours plongeante. Il en résulte qu’il produit l’effet d’un corps lourd qui tomberait d’une
grande hauteur par tout l’effet de sa pesan-teur et qu’il produit en fendant l’air un sifflement analogue à celui d’un boulet. Il faut alors le tirer toujours en tête et en dessous. Bien entendu n’employer que du gros plomb, du zéro, par exemple, tant il est dur à tuer en raison de son épaisse fourrure. Il est indispensable de se livrer à cette chasse de très grand matin, parce qu’à ce moment les coqs piètent pour chercher leur nourriture et que, dérangés par les chiens, s’ils s’enlèvent, ils n’iront pas se remettre bien loin. Il semble que ce n’est qu’à regret qu’ils consentent à quitter la table servie. On les lève et on les relève ainsi plusieurs fois à cette heure, de moins en moins loin et on arrive à en tuer quelqu’un. Au contraire, dans la journée, ils font des vols très longs et sont souvent impossibles à retrouver. Parfois, le matin, après avoir été levés une ou deux fois, ils se branchent, et là, cachés dans le feuillage, ils laissent passer chasseur et chien en dessous d’eux, ne partant que s’ils se sentent découverts.
Chasse au coq de bruyère : portrait d’un roi…
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