Très commun autrefois en France, dans toutes les régions montagneuses, le grand coq de bruyère ne se rencontre plus que très ‘rarement et pour ainsi dire à l’état de familles isolées dans les Vosges, le Jura et les Pyrénées. Encore peut-on prévoir sa disparition à brève échéance, en raison de la chasse inintelligente qu’on lui fait et de l’abandon dans lequel on le laisse relativement au braconnage alors qu’il mériterait tant d’être protégé. Le grand tétras habite les parties intermédiaires des versants des monta-gnes où il se cantonne sur un espace relativement peu étendu, ne descendant jamais dans la plaine et vivant exclusivement des fruits et mets sauvages que lui procure la végétation des pâtures élevées et des bois. Il y trouve, en effet, en abondance les aiguilles, les bourgeons et les graines des pins et des sapins, les faînes dans les forêts de hêtres, les fruits du genévrier, les pousses tendres et les chatons des peupliers, des coudriers, des bouleaux et des saules, les baies des airelles myrtilles et des framboisiers sauvages, sans omettre les fourmilières dont les larves sont la première et la plus précieuse nourriture pour ses petits. C’est un oiseau dont les habitudes sont plutôt casanières et peu bruyantes, au moins ru dehors de lit
saison des amours, bien qu’il soit fort, très brave, et qu’il ne craigne pas de lutter contre les petits carnassiers et les oiseaux de proie qui viennent assaillir le siens . Le grand coq de bruyère est polygame comme le faisan. C’est vers le milieu du mois de febrier que commence pour lui la saison des amours. A ce moment, les coqs qui avaient vécu jusque-là presque constamment isolés ou par petits groupes de deux ou trois, loin des femelles, commencent à se rap-procher de leurs compagnes et, d’amis fidèles qu’ils étaient entre eux, devenus ennemis irréconciliables quand leur chaleur bat son plein, ils se livrent des combats acharnés. Perché assez haut clans la cime d’un vieux pin où il a passé sa nuit, le coq guette les premières lueurs du jour et là, talonné par l’amour, il pousse un cri
strident que les poules entendent de fort loin aux alentours. S’excitant alors à ce manège, et à mesure que le soleil tend à émerger à l’horizon, il continue par un concert assourdissant, fait alternativement de gloussements sourds, de cris aigus, de bruits de claquette, incohérents, sans modulations, constituant un véritable charivari; tout cela accompagné d’une mimique singulière, de contorsions étranges, tous les muscles tendus, le cou en avant, la tête gonflée et faisant la roue en tournant et retournant comme un paon ou comme un dindon. Il perd à ce moment tout sentiment de prudence tant la passion l’aveugle, et on peut alors l’approcher facilement. Les poules, ravies et comme hypnotisées par les charmes bruyants et si comiquement ma-jestueux de leur maître et seigneur, arrivent bientôt et se réunissent au pied du royal perchoir. Le coq, tout en continuant à se donner des grâces, descend peu à peu, de branche en branche, et vient enfin se pavaner à terre au milieu de ses belles, qu’il féconde tour à tour. Cette cérémonie se reproduit chaque jour, le matin au lever du soleil et le soir un peu avant le coucher. La poule pond de cinq à dix oeufs blancs tachetés de jaune un peu plus gros que ceux des poules ordinaires et qu’elle
dépose dans un nid fort rudimentaire sur la mousse, près d’une racine d’arbre ou d’une touffe de bruyère en lieu sec. Elle couve, d’après de La Rue, vingt-cinq jours avec la plus grande assiduité, recouvrant son nid avec des feuilles dès qu’elle le quitte pour aller manger et, malgré son naturel sauvage, se laissant prendre plutôt que de l’abandonner.
A peine éclos, les petits courent et suivent leur mère, qui les mène aux fourmi._ hères, aux buissons de ronces et de framboisiers, aux champs de myrtilles et de rhododendrons. Ils ont le plumage roux de la mère et restent en compagnie jusqu’à la fin de septembre ou le commencement d’octobre, époque à laquelle ils se dispersent.
Chasse au coq de bruyère : portrait d’un roi…
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