On place quelquefois des enfants en vedette dans les arbres, où on les a fait grimper et d’où ils voient facilement la chute de la bécasse ; mais ce moyen ne peut être employé qu’exceptionnellement, car il est dangereux. Au moment où elle se remet, la bécasse se laisse pour ainsi dire tomber de toute la pesanteur de son corps ; à terre, elle s’arrête un moment pour écouter ; si c’est la première fois qu’elle est levée, elle se rassure bientôt, n’entendant rien de suspect dans son voisinage, et se remet à véroter : on la trouve alors presque à l’endroit où elle s’est abattue. Si, au contraire, elle a été levée plusieurs fois, elle ne songe qu’à fuir. A peine a-t-elle hésité un instant sur la direction à prendre, elle part, file droit devant elle, cherchant à se soustraire à la poursuite. Ainsi poussée par le seul souci de sa vie, elle se jettera aussi bien sur une lisière touffue que dans un fossé rendu inaccessible par les ronces, ou même encore dans des tas de ramilles qu’elle rencontrera dans une coupe. Il est souvent difficile de la relever dans ces conditions : la connaissance parfaite des habitudes de l’oiseau, l’instinct du chasseur, et aussi l’intelligence de son fidèle collaborateur, seront les guides les plus sûrs pour arriver au but. Quoi qu’il en soit, il faut s’acharner à la rechercher, ne pas perdre patience, et se bien persuader qu’il y a encore plus de chances de la retrouver que d’en trouver une autre ailleurs. Cette chasse, on le voit, n’est pas métier de paresseux, non plus de débutant; aussi est-elle la gloire du vrai chasseur, qui la préfère à toute autre.”
( Da “La Chasse Moderne”,Librairie Larousse, Paris, 1920)
« page 4




