Le chien chassera entre nous, muni d’un grelot qui nous indiquera toujours sa position et dont le bruit, suivant qu’il sera continu ou au contraire cessera, marquera que la quête est active ou que l’animal est à l’arrêt. A propos du grelot, les avis des chasseurs sont partagés : les uns n’en veulent pas, prétendant que son tinte-ment perpétuel effraye la méfiante bécasse et lui fait vider l’enceinte avant qu’on ait pu pénétrer jusqu’à elle; d’autres affirment, avec une certaine raison, qu’il est impossible sans cette indication de suivre le travail du chien. A mon avis, les uns et les autres ont raison, car, d’une part, il faut bien se pénétrer de la nécessité, pour mener à bien cette chasse, de faire le moins de bruit possible; et, d’autre part, il est non moins nécessaire, pour le plaisir comme pour le succès, de suivre les évolutions du chien. Je crois donc qu’entre deux inconvénients il faut choisir le moindre, et que le grelot s’imposera toutes les fois, ce qui sera le plus souvent, qu’on n’aura pas un chien habitué à ne pas perdre son maître de vue. D’ailleurs, l’expérience prouve qu’avec un grelot on peut arriver à tirer des bécasses à l’arrêt du chien. D’aucuns disent même que le grelot ne saurait effrayer le gibier, lequel est habitué à ce bruit qui lui rappelle celui des clochettes des bêtes qui vont au pacage, et dont il n’a, en effet, aucune peur. – Il s’agit maintenant de battre le taillis en marchant devant soi doucement, posément, en s’efforçant de suivre la manoeuvre de notre fidèle compagnon, de faire de temps à autre de courts arrêts, mais seulement dans les places où l’on peut épauler facilement. Quand on connaît bien la région où l’on chasse, on gagnera beaucoup de temps en ne s’astreignant pas à battre toutes les par-ties d’un bois, celles notamment où de mémoire d’homme, par suite de la nature du sol ou de l’exposition, on n’a jamais rencontré de bécasse. On sait les lieux d’habitation de la dame au long bec.; les fouillis de feuilles, et sur-tout les larges « miroirs u qui sont les excréments liquides et blancs qu’elle laisse, en sont des indices certains. C’est là qu’il faut concentrer toute notre attention. Il est nécessaire de marcher toujours à bon vent, car, bien que le fumet de la bécasse soit de ceux que le chien évente de loin, cela facilitera la recherche.
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